Combien coûterait aujourd’hui la Tour Eiffel ?
La construction de la Tour Eiffel avait coûté 7,8 millions de francs-or, fin XIXe. Si on voulait s’offrir aujourd’hui sa réplique exacte, à combien s’élèverait la facture ? Et la Tour de Pise ? Ou, beaucoup plus ambitieux, la grande pyramide de Guizeh ? Sortez votre carnet de chèque !
Pour son exposition universelle de 1889 - année du centenaire de la Révolution française -, la France veut frapper fort. Très fort. Le défi : construire le plus haut monument du monde, pas moins. À l’époque, le record est détenu par le Washington monument, un obélisque construit en l’honneur de George Washington, qui se trouve à… Washington. Riquiqui : il ne mesure que 169 mètres. La France, elle, voit plus grand. Elle lance un concours pour construire, en plein Paris, « une tour de fer, à base carrée, de 125 mètres de côté et de 300 mètres de hauteur ». Parmi les 107 projets, parfois un tantinet farfelus, c’est celui de Gustave Eiffel qui est retenu.
Pour construire la tour, l’entrepreneur et son bataillon d’ingénieurs (ils sont 50) ont imaginé une astucieuse stratégie. Les 18 000 pièces métalliques sont fabriquées, au dixième de millimètre près, dans les ateliers Eiffel, à Levallois-Perret, aux portes de Paris. Elles sont assemblées par morceaux de 5 mètres puis transportées jusqu’au chantier. Entre 150 et 300 ouvriers vont monter ce Mécano géant, sur le Champ-de-Mars. Ils vont sacrément turbiner : après seulement deux ans, deux mois et cinq jours de travaux, cocorico, la Tour Eiffel devient la plus haute construction du monde.
Montant de la facture : 7 799 401,31 francs-or de 1889. Corrigé de l’inflation, cela représente environ 32 millions d’euros de 2015. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, on a des ordinateurs et des tas de machines. Que coûterait une réplique exacte de la tour ? Le groupe immobilier américain HomeAdvisor a établi un devis, si par hasard vous étiez tenté par l’aventure. Le prix ne tient pas compte du terrain.
Pour les matériaux, comptez un million d’euros. Pour la main-d’œuvre, environ 27 millions. Tout cela nous fait une Tour Eiffel flamblant neuve à 28 millions d’euros TTC. Bien loin des 434 milliards d’euros à laquelle elle avait été estimée, en 2012, par une chambre de commerce italienne. Mais elle avait cherché à établir la valeur patrimoniale du monument (le vrai) s’il était mis en vente aujourd’hui…
Vous êtes un peu juste en budget ? Pour beaucoup moins cher, il y a la statue de la Liberté, à New York. HomeAdvisor parvient à un prix étonnamment bas : un million d’euros. Pour son calcul, la société se base pour cela sur le prix d’une copie de la statue (en plus petit) construite dans les années 2000 à Memphis, au Tennessee. Fin XIXe, la statue de la Liberté, construite en France puis transportée aux États-Unis, avait coûté l’équivalent de plus de 9 millions d’euros de 2015. (Photo : Jeff Zelevansk/EPA)
Plus ambitieux : la tour de Pise. L’originale date du XIIe siècle. Pour limiter son inclinaison (1,4 m en 1370 ; environ 4 m aujourd’hui), elle a quasiment tout le temps été en travaux. Mais construire une tour neuve aujourd’hui, en acier et béton recouvert de marbre blanc, ne serait pas un gros défi technique. Comptez un peu moins de 4 millions d’euros. (Photo : Fabio Muzzi/AFP)
On change encore d’échelle : le Colisée, à Rome. L’immense amphithéâtre (il pouvait accueillir entre 50 000 et 75 000 spectateurs) a été construit en dix années seulement, il y a plus de 2000 ans. Il est en ruine. Vous le voulez en neuf ? Il faudra prévoir environ 340 millions d’euros (plus un vaste terrain). (Photo : Tony Gentile/Reuters)
Et pour ceux qui se sentent une âme de pharaon, pourquoi pas une pyramide ? Une vraie, comme à Guizeh ? Elle a été bâtie en 30 ans, en 4500 avant J.-C. Un énorme chantier qui a mobilisé des dizaines de personnes. Évidemment, on ne peut pas estimer son prix de construction. Aujourd’hui, on pourrait se l’offrir pour un peu moins de 800 millions d’euros. Et oui, quand même. Mais le budget pour les pierres est très, très élevé : 700 millions d’euros. À l’époque, on voyait grand. (Photo : Marco Djurica/Reuters)
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